Les Trésors Humains Vivants (THV)
Un Trésor Humain Vivant (THV) est un titre honorifique décerné par certaines nations pour reconnaître les individus ou groupes détenant des savoir-faire exceptionnels liés au patrimoine culturel immatériel (PCI), notamment dans les métiers d’art et de tradition. Ces personnes sont des artisans, artistes, praticiens ou même des maîtres de tradition qui possèdent des connaissances et des techniques rares, transmises souvent de génération en génération et qui risquent de se perdre sans efforts de préservation. Le statut de THV permet de valoriser ces détenteurs de savoirs uniques, de les soutenir financièrement ou par des programmes de formation et de transmission, afin qu’ils puissent partager leurs compétences avec des apprentis et assurer la continuité de ces pratiques culturelles et artistiques. Ce dispositif contribue donc à maintenir vivants les éléments du patrimoine culturel immatériel dans des domaines variés comme l’artisanat, la musique, la danse, la gastronomie, ou encore les rituels et pratiques locales.
L’origine du titre
Le concept de Trésor Humain Vivant a été initié par l’UNESCO dans les années 1990, s’inspirant de la pratique japonaise de reconnaissance des Biens Culturels Importants ou Ningen Kokuh (littéralement "Trésor national vivant") mise en place dès les années 1950. Ce modèle a ensuite été adopté par plusieurs autres pays pour sauvegarder et transmettre des savoir-faire en voie de disparition (dont la France, la Belgique, le Chili, le Burkina Faso, les États-Unis, le Québec...). Le titre de THV est délivré par des gouvernements nationaux et non par l’UNESCO elle-même. Chaque pays décide de ses propres critères et processus de sélection, en fonction de son contexte culturel et de ses traditions. En France, par exemple, le ministère de la Culture peut accorder le titre de Maître d’art, qui est l’équivalent français de THV, à des professionnels des métiers d’art d’exception dans le cadre du programme "Maîtres d’art - Élèves". Ce système s’inscrit dans une dynamique de protection et de promotion des métiers d’art et des traditions uniques, en offrant non seulement un statut symbolique, mais aussi un soutien financier et logistique pour encourager la transmission de ces savoir-faire rares.
La spécificité du programme "Maîtres d’art - Élèves"
Le programme français Maîtres d’art - Élèves, créé en 1994 par le ministère de la Culture, s’inspire des Trésors Nationaux Vivants japonais, mais s’en distingue par son focus sur la transmission active des savoir-faire. En effet, ce programme repose sur un modèle de transmission structuré, où un Maître d’art, reconnu pour son expertise et ses compétences exceptionnelles dans un savoir-faire rare et unique, prend un Élève sous son aile pour lui transmettre ses connaissances et techniques. L’élève s’engage alors dans un apprentissage approfondi pour une durée de trois ans, avec un soutien financier pour faciliter cette transmission. Cet accompagnement tout au long du programme est la responsabilité de l’Institut pour les Savoir-Faire Français. En revanche, le programme japonais se concentre davantage sur la reconnaissance et la préservation du savoir-faire des Ningen Kokuh, mais ne prévoit pas toujours de dispositif formalisé de transmission à un élève spécifique. L’objectif principal du système japonais est la préservation en rendant hommage aux détenteurs eux-mêmes, tandis que le programme français met l’accent sur l’apprentissage intergénérationnel en favorisant la formation de nouvelles générations de professionnels qui deviendront anciens Élèves, et pourront prétendre au Titre de Maître d’art à leur tour s’ils souhaitent s’engager dans un nouveau cycle. En France, le titre de Maître d’art est ainsi accompagné d’une mission de transmission, ce qui est moins systématique dans le programme japonais, même si certains Trésors Nationaux Vivants s’engagent de leur propre chef à enseigner leur savoir-faire.