À l'occasion de Paris Design Week, 13 artisans rendront hommage à leurs métiers, à l'artisanat d'art et aux gestes qui leur permettent de transformer la matière en exposant des pièces uniques ou réalisées en série limitée. Cette exposition inédite : "Before and After : the history of a handcrafted object" est l'occasion de découvrir des pièces imaginées et fabriquées à Paris par des artisans d'art de talent.
du 9 au 16 septembre au Viaduc des arts
Voûte de l'Institut National des Métiers d'art (INMA)
23 avenue Daumesnil, 75012 Paris
Qu'est ce qui réunit les créateurs du Viaduc des arts ? Quel est le point commun entre le designer Dan Yeffet, Hervé Ebéniste, l'Atelier Marischael ou encore Lilikpó ? Comment trouver le fil rouge entre un créateur de mobilier, un artisan de la lumière, un ébéniste, un orfèvre, un designer ou un bottier ?
C'est à cette question que souhaite répondre l'exposition "Before and After : the history of a handcrafted object" coordonnée par Dan Yeffet, pour illustrer le thème ''Développement Désirable'' proposé cette année par Paris Design Week. Une plongée au coeur du processus créatif, de la matière première, non transformée, à l'objet fini. C'est sur ce chemin didactique que Dan Yeffet choisit de guider les visiteurs à l'occasion de cet événement.
Des premiers croquis aux prototypes en passant par la matière brute cette exposition est l'occasion d'apprendre et de s'inspirer pour comprendre le processus créatif et aussi le lien invisible qui réunit les créateurs du Viaduc des arts, et en fait un lieu unique de création en plein coeur de Paris.
Rencontre avec les 13 créateurs exposés
Comprendre le sens de cette exposition sur les gestes et les matières, sur leur transformation c'est faire connaissance avec le parcours de 13 artisans d'art inventifs, qui repoussent chaque jour dans leur pratique les limites de leurs savoir-faire.
- Dan Yeffet
Dan Yeffet a fait ses études à la Bezalel Academy of Art and Design à Jérusalem (1999-2001) puis à la Gerrit Rietveld Academy d'Amsterdam aux Pays-Bas (BA in industrial/product design). Diplômé en 2002, il a établi son Studio de design à Amsterdam pour, en 2005, poursuivre son activité à Paris, où il vit et travaille encore aujourd'hui. Son travail s'étant entre espace et objets...et tout ce qui gravitent autour. Il utilise des méthodes variées, entre l'artisanat et les technologies de pointes. Il dessine aussi bien des meubles, des sculptures de verre que des luminaires. Objets de désir, chics et purs, des objets de tous les jours, des espaces conceptuels ou des espaces urbains mais aussi des éditions limitées pour des galeries ou des particuliers. Son travail peut être décrit comme innovant, simple mais aussi comme un travail avec une identité forte.
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Aisthesis
Formé chez les Compagnons du Devoir en ébénisterie, l'artiste artisan créateur Jérôme Cordié a toujours cherché un équilibre entre matière et forme, poésie et savoir-faire, esthétique et pratique. Aujourd'hui référencé dans les manuels d'histoire du mobilier, son style se définit par l'élégance, la pureté des lignes et l'usage de matériaux naturels : bois précieux, chêne lacustre, galuchat, parchemin, mica... Après trente ans de création, Jérôme Cordié occupe aujourd'hui une place de choix dans le mobilier contemporain.
- Hervé Ebéniste
Sitôt diplômé de l'École Boulle, Hervé créée son entreprise et s'installe faubourg Saint-Antoine. Puis en 2014, « l'Atelier Hervé-Ébéniste » emménage au Viaduc des Arts. Année après année, les rencontres enrichissent la démarche, élargissent les horizons et font évoluer l'ambition initiale. De mobiliers en projets sur-mesure, l'Atelier gère dorénavant des projets de grande ampleur, portés par l'amour du « Beau », le goût des essences, et une créativité que lui reconnaissent ses clients. Hervé privilégie les relations humaines et considère que l'écoute est le point de départ de tout projet. Prêter l'oreille pour mieux laisser parler le savoir-faire d'exception qui est le sien ; imaginer comment les essences de bois vont servir l'espace et l'univers de ses clients : l'ébénisterie selon Hervé.
- Ithemba
Un des fondements du concept Ithemba est la volonté de combiner deux mondes qui se mélangent rarement : le design et l'artisanat. En effet, poser l'oeil d'un designer sur une technique artisanale, permet souvent de déceler de nouvelles opportunités à travers celle-ci, ou de lui trouver de nouvelles applications. Il ne s'agit pas de changer ces savoir-faire, ou de les dénaturer, mais plutôt de leur ouvrir de nouvelles perspectives. "À grande échelle et en inscrivant cette démarche dans le temps, nous pouvons contribuer à préserver certaines techniques artisanales. Nous croyons sincèrement qu'en intégrant dans notre démarche créative l'artisanat et le design, nos objets ne seront que plus forts : contemporains par leur dessins, et authentiques par leur réalisation."
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La Fabrique Nomade
Hussein Al Awaili a commencé la couture à l'âge de 12 ans en parallèle de sa scolarité. À 23 ans, il se lance dans le métier de couturier, au sein d'un atelier puis il ouvre son propre atelier. En 2015 il doit quitter l'Irak et arrive en France où il intègre la Fabrique Nomade en mars 2020. Défenseur d'une recherche en design fondée sur l'apprentissage par l'autre et l'ailleurs, Corentin Jacques explore la capacité qu'ont les objets à créer significations et des sens d'appartenance. Le designer a la volonté de traduire les différences culturelles et l'enrichissement créatif qui découle de la conception mutuelle des objets. Il explore ainsi les frontières que le design entretient avec la sociologie, l'art, l'artisanat et l'industrie.
- Lilikpo
Étudiante en musique, Sika Viagbo a eu un véritable coup de foudre pour la mosaïque. Pendant deux années, elle apprend en autodidacte l'art de la mosaïque, puis cherche une formation pour en faire son métier. Après une école d'architecture, elle travaillera sous la tutelle d'un mosaïste émérite, Pierre Mesguich. En 2011, Sika crée l'Atelier Lilikpo et exercera son métier dans un premier temps dans la pépinière à l'INMA (Institut National des Métiers d'Art) au Viaduc des arts. Elle décidera par la suite de s'installer de façon pérenne dans une voûte du Viaduc. Sika réalise aujourd'hui des mosaïques pour la décoration intérieure, en mosaïque multi matières laiton et bois. Elle met tout son savoir-faire au service de la mosaïque grâce à un design contemporain qui s'appuie sur des références collectées lors de ses voyages ou dans son quotidien.
- Maison Fey
La Maison Fey est spécialisée dans la gainerie d'ameublement et de décoration, en cuir lisse ou gaufré (Cordoue). Elle réalise de la dorure sur cuir de bureau et accessoires astucieux (faux livres, boîtes de rangement...) pour embellir les intérieurs. Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV), la Maison Fey est associée à de nombreux projets dans le monde entier aux côtés de grands décorateurs et restaurateurs. Maison Fey est constamment en quête de nouvelles matières pour exercer ses talents de gainier depuis 110 ans. L'entreprise déjà reconnue en France a été rachetée en 2011 par Fabienne Saligue, qui entreprend de la faire évoluer vers une Maison résolument tournée vers l'avenir.
- Julien Vermeulen
Julien Vermeulen explore les limites de son matériau favori, la plume, en diversifiant son utilisation en tant que matériau artistique. Formé au Lycée Octave Feuillet, dernier établissement français qui enseigne la plumasserie, et titulaire d'un BTS en Design de Mode et d'une licence en Arts Plastiques et Sciences des Arts, Julien Vermeulen collabore depuis 2015 avec de prestigieuses maisons de couture pour des défilés et des collections. Il réalise à la main des modèles uniques pour les maisons Lanvin, Schiapparelli, Yves Saint-Laurent, Dior, Dolce&Gabbana, Cartier ou encore Givenchy. Toujours en quête de nouveaux savoir-faire et de nouveaux procédés, Julien Vermeulen est capable de créer de nouvelles textures et de nouvelles applications de la matière pour réaliser tous types de projets intégrant le travail de la plume.
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Marischael
Orfèvres de père en fils depuis 4 générations, l'Atelier d'orfèvrerie Marischael, Entreprise du Patrimoine Vivant, perpétue un savoir-faire exceptionnel. Nicolas Marischaël travaille aujourd'hui en collaboration avec sa fille Melissa, formée à l'École Boulle, apportant un souffle nouveau, en intégrant le numérique à ce savoir-faire ancestral. Nicolas s'affranchit alors des codes et réinvente nos objets du quotidien avec toujours plus d'audace. L' Atelier Marischaël est une alliance entre tradition et modernité, savoir-faire et transmission. Maître d'art, Nicolas assure la pérennité de la belle orfèvrerie d'art, que sa fille Melissa transmettra à son tour.
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Estampille 52
Estampille 52, fondée par Adrien Ancel en 2011, est une jeune entreprise d'ébénisterie qui a choisit d'installer son atelier au Viaduc des arts. Ses deux nouveaux gérants, Paul Mazet et Fantin Mayer-Peraldi, ébénistes, concoivent et fabriquent sur place des meubles, des objets et accessoires. Atelier d'ébénisterie innovant, Estampille 52 associe savoir-faire artisanal et technologie de pointe. La ligne de leurs créations se veut résolument contemporaine et intemporelle, mélangeant les styles et les matériaux au grè de leur imagination. Estampille 52 est aussi un atelier où sont dessinés, proposés et réalisés des prototypes, des pièces uniques sur-mesure, dédiées à l'aménagement et l'agencement des intérieurs.
- Philippe Atienza
Philippe Atienza a commencé son métier à l'âge de 16 ans chez les Compagnons du Devoir du Tour de France. Après avoir travaillé pendant 20 ans chez John Lobb à " tous les postes de production", il aura la responsabilité de diriger l'atelier de la Maison Massaro, bottier sur-mesure depuis 1894, pour 10 ans. C'est en 2016 qu'il décide de créer son propre atelier en collaboration avec la designer italienne Laura Puntillo. Son QG : le Viaduc des Arts, où il confectionne des souliers de grand luxe pour homme et femme, entouré par des artisans de la mode et maitres d'art. Homme créatif, Philippe Atienza sait allier le luxe parfois avec un brin de fantaisie qui lui ressemble.
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Serge Amuroso
Maître d'art, spécialiste du sur-mesure en haute maroquinerie, Serge Amoruso façonne toutes ses pièces à l'unité, entièrement cousues à la main. A 18 ans, il va directement chez "les meilleurs", chez Hermès, où il travaille dans l'atelier malle, puis il quitte la grande maison pour accéder au luxe discret, pour accéder enfin à la pureté de l'élégance. Pour cela il ouvre son atelier au Viaduc des arts où il travaille une palette incroyable de cuirs et de matières rares et de grande valeur, chèvre, veau, crocodile, hippopotame, galuchat, lézard, météorite, ivoire de Mammouth, Korozen teinture de l'empereur du Japon, titane, fibre de carbone, bois, Washi... Il apprend vite que le cuir : "cette matière sans limite au toucher extra", avec laquelle "on peut tout faire" lui offre tous les possibles et une créativité sans limite.
- Tzuri Gueta
Tzuri Gueta est designer et ingénieur textile diplômé du Shenkar Collège de Tel Aviv, installé à Paris en 1996. Elevé au bord de la mer et en contact direct avec les éléments naturels, son travail reflète ses racines. Tzuri crée des pièces uniques, bijoux, objets et sculptures, inspirées de la nature, qu'elles soient terrestres ou sous-marines, elles émanent de l'univers imaginaire et poétique du créateur. Toutes ses oeuvres sont fabriquées à la main dans son atelier parisien, et sont présentées dans le monde entier. Dans sa quête de la matière textile, il rencontre le silicone qui deviendra rapidement sa matière fétiche. En le mariant avec des matières textiles ajourées, il invente une technique, la dentelle siliconée, dont il dépose le brevet en 2005.
© Nicolas Scordia